ReBuilt by Alex Scarrow

ReBuilt by Alex Scarrow

Auteur:Alex Scarrow [Scarrow, Alex]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-fiction
ISBN: 9782203196070
Éditeur: Casterman Jeunesse
Publié: 2019-02-06T10:05:50+00:00


chAPitre 26

« Regarde, il en reste encore, là-bas », observa Jake.

Léo orienta le jet d’eau de mer vers la gauche, en direction d’une épaisse racine infectieuse que l’équipe de la veille avait dû rater, à moins que le virus n’ait profité du changement de garde pour orchestrer une brusque poussée de croissance. Après avoir réussi à franchir environ un quart du fossé qui séparait le pont en deux, la racine ployait à présent sous son propre poids. Quand l’eau salée l’atteignit, l’écorce parche-minée qui l’enveloppait se fendit aussitôt avant de se désagréger comme un biscuit au contact du lait. De longs fils roses gélatineux se mirent à couler de la branche principale jusqu’aux vagues coiffées d’écume.

Régulièrement, de petits snarks désemparés se faisaient emporter par le flux gluant dans une chute mortelle vers la mer.

Léo ne put réprimer un sourire satisfait tandis que son jet d’eau rongeait la racine et la repoussait jusqu’à l’extrémité opposée du pont en l’espace de quelques minutes à peine.

« Allez, c’est mon tour, maintenant », dit Jake.

224

La veille au soir, l’assemblée générale s’était terminée par un vote où la décision de rester sur l’île avait remporté une très large majorité. Si la seule arme efficace contre le virus était le sel, il paraissait logique de ne pas abandonner le bout de terre entouré d’eau de mer sur lequel ils se trouvaient.

La réunion s’était déroulée dans une atmosphère tendue. Plusieurs résidents avaient fait part de leur inquiétude concernant les « nuages de flocons » et les « bulles de savon » – les manifestations volantes du virus que les pêcheurs apercevaient de plus en plus régulièrement lorsqu’ils sortaient en mer.

Heureusement, comme tous les habitants de l’île continuaient à prendre des médicaments deux fois par semaine et qu’il y avait des réserves pour plusieurs années, une infection « aérienne » semblable à celle qui avait ravagé la majorité de l’humanité au début de l’épidémie paraissait improbable. Non, la vraie menace, c’était l’invasion terrestre. Pour résumer, tant qu’ils parvenaient à empêcher le virus d’établir une tête de pont pour accéder à l’île, ils seraient tranquilles.

Ils avaient désormais une équipe de quatre personnes assignée en permanence à cette tâche : deux qui se relayaient pour puiser l’eau de mer dans un réservoir en plastique, une qui s’occupait de maintenir la pression d’air de la pompe à bras, et la dernière qui maniait le tuyau d’arrosage. Les températures avaient commencé à chuter, annonciatrices d’un troisième hiver rigoureux. Si le virus se comportait comme les 225

deux années précédentes, il se ferait discret et atten-drait le redoux.

Léo confia le tuyau à Jake, puis il frotta ses mains l’une contre l’autre pour les réchauffer avant de saisir le levier de la pompe. Cette partie du travail était de loin la plus éprouvante, tant pour les bras que pour le dos.

À l’autre extrémité du levier, Adewale avait l’air épuisé. À chaque poussée, un petit nuage de vapeur s’échappait de sa bouche pour s’élever dans l’air froid.

Au bout de quelques minutes d’efforts supplémentaires, il finit par bafouiller, exténué :

« Je crois que ça ira comme ça.



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